La croissance et la culture maintiennent depuis fort longtemps une proximité solidement liée, cette remarque ne date pas de nos jours. Elle n'est pas nouvelle.
Déjà dans le passé nulle civilisation, nul empire, nulle nation n’a pu se déployer d’une manière durable sans qu’une ample et profonde coopération ne contribue à un échange cohérent entre la politique des arts et de la culture.
Plus récemment l’Unesco a reconnu solennellement, depuis les années 70, l’aptitude que possède le développement de la culture pour chaque société.
Lors de la conférence de Stockholm de 1998, l’institution rappelle l’impact de : « l’intégration des politiques culturelles dans les stratégies de développement humain aux niveaux international et national ».
Quarante ans plus tôt, plus exactement en 1959, cette exigence avait trouvé sa concrétisation dans la création même du Ministère des Affaires Culturelles en France, dont le décret fondateur définissait l’axe principal de sa mission : « Rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français, assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel et favoriser la création des œuvres de l’art français dans le libre dialogue des cultures du monde ».
Depuis André Malraux, les politiques culturelles se sont transposées, en France, de la fonction d’animation au concept d’action culturelle et correspondent mieux désormais à la nécessité de développement qui aujourd’hui se veut durable.
Dans les années qui ont suivi l’Etat à été l’acteur unique de cette évolution.
La mise en œuvre de politiques volontaristes et stimulantes a autorisé l’organisation territoriale d’abondants réseaux d’équipements culturels. Cet élan a permis ainsi à diminuer les tergiversations abyssales existant en France par rapport à d’autres pays européens.
Cette politique a favorisé aussi la création et le maillage de réseaux vigoureux et épais comme ceux des bibliothèques, des écoles de musique, ou encore des lieux de diffusion artistique.
Conjointement la constitution de l’Union Européenne, même si elle ne se traduit pas distinctement par la proposition d’une politique culturelle européenne commune, a néanmoins légitimé la croissance de partenariats incontestables entre acteurs culturels locaux, notamment grâce à sa politique de cohésion économique et sociale.
Cependant force est de constater que, nonobstant l’existence parfois de ces synergies locales, le bilan du développement culturel en France subsiste mitigé.
En effet cette amplification et cette hétérogénéité de l’offre culturelle aujourd’hui, dissimulent la chétive progression des pratiques culturelles des Français, ce qui pose à nouveau la problématique relative à la sensibilisation culturelle et artistique dès le plus jeune âge.
A cela il convient d’ajouter l’accroissement, ordinairement mal planifié, du vertige ressenti par la progression des coûts de fonctionnement des équipements culturels.
Ces lieux publics sont souvent sous-exploités en raison de leur surdimensionnement par rapport aux besoins tangibles de la population locale.
Un autre problème d’envergure réside dans le fait que majoritairement cette politique est orientée par les élus sur la seule construction d’équipements culturels manquant cruellement de toute programmation homogène, cohérente et harmonieuse.
Des choix couramment utilisés à des seuls fins de visibilité politique, ce qui contribue à favorise principalement, les grands centres urbains où l’offre culturelle est déjà satisfaisante au préjudice de la majorité des territoires ruraux.
Encore de nos jours il existe en France trop de « jachères » culturelles et qu’aucun des abondants schémas directeurs existant - et qui ambitionnent pourtant à pallier ces disparités - n’a pu malencontreusement rectifier.
C’est ainsi que maintenant la croissance culturelle repose dramatiquement, pour une bonne quotité, sur la opiniâtreté locale et peut se retrouver, dans ces conjonctures, fragilisée par l’absence de résolutions politiques cohérentes, par une carence d’engagements à long terme et, surtout, par les phénomènes et les aléas des balancements politiques.
Cette réalité se trouve identiquement épaissie par le fait que la culture se montre encore et toujours aujourd’hui comme étant négligeable pour le développement individuel et collectif, d’où un déficit de crédibilité qui maintient l’actuelle sous-représentation de décideurs culturels avertis dans les instances stratégiques et essentielles au développement du territoire.
La persévérance, la continuité et l’exigence des politiques déployées en matière de culture dans le territoire, sont cependant une nécessité pour la réussite du développement.
Les collectivités territoriales doivent aujourd’hui se saisir efficacement de ces procédés afin d’assoir leur crédibilité et de pouvoir accéder, enfin, aux résultats attendus en matière de développement.
Une nécessité d’autant plus pressante qu’elle est désormais spécifiquement garantie par les trois partenaires primordiaux et complémentaires du développement culturel en France : l’Etat, les collectivités locales, l’espace communautaire qui, à l'avenir, doivent se résoudre à admettre l’idée, au-delà de tout clivage politique, d’une complémentarité distinctement indiquée et non d’une compétition vainement stérile, voir politicienne, trouvant essor dans des idéologies singulières et dépassées.
Une triple circulation qui, bien pilotée, doit accepter d’installer dans la durée le développement local dans un contexte désormais universel et qui ambitionne, en outre, une harmonisation et une simplification et une clarification des mécanismes et des règlementations portant sur le : contrôle, l’expertise et la continuité de l’Etat, la capacité d’initiative et de développement des collectivités territoriales, l’ouverture à la fois sur la ville et sur le monde ainsi que sur la circulation accrue des œuvres et des idées portées par l’Europe.
Une volonté claire doit ainsi émerger afin de favoriser le franchissement des frontières des préjugés dogmatiques qui tant pénalisent, fragilisent et nuisent aujourd’hui à l’expérimentation de nouveaux modes de gestion et de programmation du service public culturel dans notre pays.
Certes, soyons sincères, cela générera des coûts, mais il serait bon identiquement de rappeler à tous ceux qui s’effarouchent du montant de la culture, à combien s’élèverait celui de notre ignorance.