Quel est réellement, aujourd’hui, le rôle des associations culturelles dans l’animation locale ? Comment exercent-elles des missions d’intérêt général ? Comment encore les nouvelles exigences de la législation ont-elles modifié leur rapport aux collectivités territoriales ?
Ces questions méritent des éclaircissements pour mieux apprécier, assurément, les effets complexes induits par l’étrange proximité du monde associatif avec les institutions publiques.
La relation contractuelle qui conditionne, par exemple, l’attribution des financements publics à une gestion rationalisée, entraine de nombreux changements pour les associations. Il en résulte une complexification de leur activité, une dépendance face aux subventions ainsi qu’une nécessité de professionnalisation des processus administratifs pour mieux résister aux poids des contrôles institutionnels et aux pressions concurrentielles locales.
Si l’on peut aisément comprendre l’intérêt de la professionnalisation du monde associatif - notamment dans la valorisation du rôle économique de l’action associative au niveau local - on peut également s’interroger sur les obligations prescrites d’œuvrer à l’instar des entreprises privées, sans pour autant bénéficier souvent, en interne, des capacités requises.
Le travail associatif dans le monde culturel en est un très bon exemple. Les collectivités, au motif d’inciter la démocratie locale, peuvent induire sur leurs activités, le piège de … l’instrumentalisation et favoriser, justement, la disparition de valeurs associatives.
L’ambigüité, dans la forme même du salariat associatif, est un autre sujet d’interrogations…
Comment en effet valoriser l’utilité sociale du travail « désintéressé » des associations en appliquant les registres inhérents à l’entreprise ?
La performance, le rendement, la rémunération des travailleurs risquent d’escamoter leur intérêt social et culturel. Une raison d’être qui, en principe, doit s’exonérer de tout attrait d’exploit économique.
Ces dernières années, le monde associatif a été secoué, déconsidéré, par des scandales dus à des entorses à l'éthique commises par un certain nombre de structures. Des nombreuses malversations ont été constatées. Des sanctions prises et des condamnations prononcées.
Certains dirigeants, brassant évidemment un peu trop d’argent, ont sombré dans d'obscures histoires d’escroquerie, arnaques et autres mystifications financières.
Est-ce seulement envisageable que toute organisation remuant des actifs s’élevant à plusieurs millions d’euros, puisse encore relever du très sommaire - et très bénévole - statut associatif ?
Placées diamétralement à l’opposé de ces mastodontes financiers, les plus petites structures, très pléthoriques en France et ne dépassant la dizaine de salariés, connaissent parfois les dangers provenant surtout de la persistance de « lacunes » dans les domaines de la gestion en ressources humaines, de la gérance administrative, la veille juridique, ou encore, dans la conduite du développement de toute compétence intrinsèque au monde associatif.
Des carences qui peuvent peser défavorablement dans la mise en oeuvre de l’apprentissage et de la création innovante. Des compétences indispensables à la réalisation qualitative des objectifs de chaque organisation.
Bon nombre de ces petites associations, plus axées sur les conséquences artistiques et culturelles de leurs missions, souffrent ainsi d’une maîtrise insuffisante de la gouvernance de leur « entreprise ».
Plus préoccupant encore. Un grand nombre d’associations ne paraissent pas vraiment s’interroger sur le sens de leur action en lien aux spécificités d’un territoire. De distinguer en somme le réel intérêt de mettre en perspective les initiatives de l’association et les actions de ses salariés et/ou adhérents, avec les transformations que subissent les territoires.
Cette faible capacité d’anticipation peut, inexorablement, mettre en péril la pérennité d'un bon nombre de petites structures, inaptes aujourd’hui à se projeter dans les transformations de la société.
A se professionnaliser aussi, pour mieux faire face aux changements qui nous attendent.