Dans le langage courant, on dit d’un objet ou d’un lieu qu’ils sont accessibles lorsqu’il est facile ou possible de les atteindre.
Dans le domaine de l’offre culturelle, il n’est pas rare de provenir à des « accommodements » entre les caractéristiques des ressources culturelles, artistiques et patrimoniales locales et celles de la population recherchant l’accessibilité à l’offre culturelle elle-même.
Les conséquences de ces compromis occasionnent le degré d’accessibilité des usages à l’offre culturelle.
Ca c’est pour la théorie car dans le tangible cette accessibilité est fréquemment perturbée par les capacités (utilisations potentielles) de la population à surmonter de tels obstacles (indicateurs de résistance).
Ces obstacles principaux qui caractérisent l’accessibilité - ou les difficultés à l’accès - des publics à la culture sont, au moins, au nombre de quatre.
L’obstacle physique
Il concerne la facilité d’accès physique à l’offre culturelle, généralement appréhendé en termes de « distance à parcourir » pour se rendre à l’équipement culturel.
Cette distance, est elle-même mesurée, soit en kilomètres ou en temps (la distance physique qui dépend du relief, des axes et des moyens de communication), soit encore en ressources économiques (la « distance » économique correspond, parfois, à la perte de revenus), soit en social (la distance sociale dont les facteurs primordiaux sont le niveau d’éducation, la mobilité des personnes …).
Plus la distance à parcourir est élevée, moins l’accessibilité à l’offre culturelle est garantie.
L’obstacle financier
Cela se traduit par la barrière financière dans l’accès à l’offre culturelle dont l’accessibilité et la « consommation » présente un coût direct et indirect pour chaque usager.
Dans le système public français, à financement « socialisé », le coût pour les publics à l’offre culturelle publique est, usuellement, relativement peu élevé.
Une participation réduite reste cependant, fréquemment, à la charge des usagers.
Malgré sa faible portée, elle peut pourtant s’avérer être un frein pour les personnes - ou foyers - à revenus modestes lesquelles doivent engager certaines dépenses, aussi minimes soient-elles.
Par ailleurs l’accès même à la « consommation » culturelle, aussi anodine soit-elle, entraine toujours de nombreux coûts indirects : les déplacements, les adhésions, les équipements divers (par exemple pour les disciplines artistiques), etc...
L’obstacle organisationnel
Cette gêne à l’accessibilité se caractérise ordinairement par une offre culturelle encombrée par la complexité de … « l’administratif ».
Il en est ainsi des multi-inscriptions locales dans chaque service culturel distinct. Ces démarches administratives récursives : inscriptions aux écoles, aux centres d’art-loisirs, à la bibliothèque, au conservatoire, aux cours de théâtre, aux divers cours d’enseignement des disciplines artistiques, etc... compliquent la circulation des usagers, jeunes et/ou adultes, entre les services.
Cette réalité bien identifiée et maintes fois décrite, mais rarement corrigée, désigne un manque d’articulation (ou d’organisation) des volontés publiques locales et des services administratifs mais également indique une certaine torpeur, des professionnels de la culture, pour le changement.
Ce manque de coordination se traduit en conséquence par le renforcement des « files d’attente ».
Par l’aussi ennuyeuse constitution, maintes fois réitérée, du dossier d’inscription, du transfert des usagers (surtout des familles) vers les services délivrant le précieux sésame relatif au « quotient familial » et aux prises de rendez-vous qui s’additionnent…
Pas rare ainsi que cela puisse parfois se traduire par un renoncement aux droits d’accès à l’offre culturelle.
Cette inadaptation du circuit administratif rend complexe, pour ne pas dire inaccessible, l’accès à l’offre culturelle.
L’obstacle informationnel
Pour l’usager cette gêne réside dans le manque de lisibilité de l’offre locale en matière d’art et de culture.
Une information fréquemment menée par les services de façon obscure, pulvérisée en mille contenus illisibles, parfois même contradictoires et bien souvent démunis d'authentique cohésion globale, y participe abondement …
Ce niveau dégradé de l’information bien souvent dépend de la relative opacité du fonctionnement de l’administration locale, de son dilettantisme en matière de communication, mais aussi, souvent, de l’éducation à la « culture » de l’usager lui-même.
Selon le niveau de formation, le niveau culturel, le degré d’appartenance à un groupe, l’usager n’adoptera pas la même attitude quant au recours et aux modes de recours à l’offre culturelle.
Certaines personnes refuseront, ou interdiront à d’autres, de se rendre dans des lieux collectifs d’activité en invoquant, entre autre, croyances ou arguments de nature cultuelle.
Bref, au-delà de ces principales quatre dimensions, il convient de distinguer l’accessibilité absolue de l’accessibilité relative.
Car le recours à l’offre culturelle dépend à son tour principalement de trois décisions majeures distinctes :
celle, initiale, de l’usager de recourir à une prestation spécifique de nature artistique et/ou culturelle ;
celle de l’élu local de répondre avec précision et avec les moyens nécessaires à cette attente, à ce besoin ;
puis encore celle du professionnel de satisfaire, qualitativement et durablement, à cette requête.
La somme de ces trois initiatives convergentes doit nous permettre, en cette période de pause estivale et dans laquelle nous nous apprêtons déjà à préparer nos prochaines rentrées culturelles, d’apprécier la complexité inhérente à l’accessibilité à la culture.
Nombreux sont les obstacles systémiques qui perdurent localement, pour éloigner l’usager de l’offre à laquelle il prétend.
Il serait temps de participer à une réflexion commune pour que nous puissions atténuer, faute d’entièrement endiguer, l'ensemble de ces désagréments.