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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 11:20

Soulages.-Noir.-Paris-jpg« Pourquoi noir ? La seule réponse, incluant les raisons ignorées, tapies au plus obscur de nous-mêmes et des pouvoirs de la peinture c’est : PARCE QUE » (Pierre Soulages, 1986) *    

C'est par cette phrase énigmatique et évidente à la fois, que le spectateur est accueilli au Centre Georges Pompidou de Paris qui organise jusqu'au 5 mars 2010 une exeptionnelle retrospective consacrée au peintre : Pierre Soulages (*).


Cet énoncé pourrait paraître une tautologie. Mais il n'en est rien. Assez vite on s'aperçoit que cette intérrogation a accompagné toutes les recherches plastiques de l'un des plus grands peintres de l'après-guerre français.


C'est ainsi qu'à l'occasion de son quatre-vingt-dixième anniversaire, le Centre Georges Pompidou de Paris vient de dédier à Soulages cette rétrospective complète et inaccoutumée, faite de chambres aérées et de passages étroits.


Des "stances", à la sémiologie complexe que l'artiste lui-même à directement "pris en charge" pour ne pas dire : mis en espace.


Que du noir donc...


Des premières oeuvres des années soixante en noir et blanc net, jusqu'au "noir-lumière" de actuelles phases créatives.


Le noir de Soulages, ce noir, son noir, est un authéntique choix de palette. Il est aussi le fruit d'une précision conceptuelle inspiré par plus de cinquante ans de recherche picturale de l'artiste.


Le noir est l'objet heuristique. La chose, l'outil et le sujet de ses essais sur le terrain de l'art.


L'expérience aussi de cet ancien blocage relatif à sa question sur le : "Pourquoi".


Dans cette mise en perspective de l'oeuvre de Soulages, le noir, tel que nous l'apercevons, n'est pas un choix aléatoire. C'est à la fois la  somme et aussi l'absence de toutes les couleurs et de la lumière.


Le noir est le principal acteur de la dynamique de sa réflexion et que l'artiste renvoie à celui qui la contemple. A l'usager.


L'image de son propre regard tourné vers le noir. Un objet et un concept à la fois unique et opaque comme le serait l'individu dans le monde. Un objet traversé également par des sources - ou lectures - de pure transparence qui produiraient sens à cet "oeuvre-noir".


Dans l'oeuvre de Soulages, tel que nous le propose le Centre Pompidou, le noir est à son tour paroi opaque et voile translucide à travers lesquelles perfore la couleur de fond qui n'est rien d'autre que le soutien monochrome de la toile elle-même.


Une tentative de mise en abîme pictural autorisant le specteteur à refléter ses uniques pourtours crayonnés. Des calques singuliers comme des relations dynamiques et solitaires métamorphosant sans fin la matière plastique comme celui qui la scrute.


Pierre Soulages  peint le paradoxe de la lumière naturelle. Une luminosité venant du noir et qui évolue avec la vision. Marquant ainsi le passage du temps dans le silence.


Tout est noir donc, certes. Mais il ne s'agit pas que d'un simple monochrome. Il y a là toute une recherche complexe. Un cheminement subtil de toute une vie passée à contempler la source de lumière originelle qui ne serait rien d'autre que le noir.


Origine et terminaison de toute existence.

 

Voici donc apparaître un noir extrême qui ne serait donc que de la couleur. Le si typique et si exceptionnel  "outre-noir"  tant caressé par l'artiste.


Sa propre vision lumineuse ... des ténèbres. Une technique aussi.


L'outre-noir de Soulages est le point d'arrivée de l'une de ses étapes de transition artistique vers une voie qui trouve ses applications avec des objets, des outils, des matières et des hypothèses de réponse à la question maintes fois posée et que toujours l'on se pose également ici, surtout ici  : "Pourquoi le noir" ...

 

L'une après les autres on égrène les salles dans lesquelles on enregistre les différerentes stations de l'exploration de ces nombreuses "possibilités du noir".


Soudain dans la dernière salle apparaissent enfin, une vingtaine de grandes toiles verticales qui, accrochées à des plafonds impassibles, semblent comme en suspension.

 

Leur accrochage labyrinthique aiguise la simultanéité de ces méandres sinueux qui s'intercalent entre l'ombre et la lumière des lieux.


Une route optique et éblouissante que le spectateur emprunte comme en équilibre entre la polyvalence de l'esthétique des lieux et les imprévus de la sémantique de l'oeuvre.


Une progression saccadée qui nous conduit déjà dans un ailleurs lointain où se niche l'expérience.

 

 

 


(*) Pierre Soulages
Centre Pompidou, Paris
du 14 octobre 2009, jusqu'au 5 mars 2010

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